Accompagnateur en montagne, Roland Zede est aussi moniteur de marche nordique, du côté de Sallanches. Ce dernier ne tarit pas d’éloges sur cette activité en plein essor, des effets bénéfiques pour la santé à sa dimension conviviale, sans oublier son aspect extrêmement ludique. Interview.
Pourquoi êtes-vous devenu instructeur de marche nordique ?
A l’origine, je suis accompagnateur en montagne. Même si ce métier me plaît beaucoup, j’avais parfois l’impression de simplement promener mes clients de façon un peu « plan-plan ». La marche nordique m’apporte cet aspect sportif qu’il me manquait en tant que « simple » accompagnateur en montagne.
La marche nordique est parfois considérée comme une activité pour seniors…
En effet, mais c’est extrêmement réducteur ! Certes, des personnes âgées pratiquent cette activité – j’ai parmi mes clientes une dame de 84 ans qui souffre de problèmes cardiaques – mais elle peut aussi s’adresser à un public beaucoup plus sportif. Dans les séances que je propose, celles intitulées « Tonique 2 » vont par exemple durer 2h à 2h30, avec des parcours compris entre 600 et 1000 mètres de dénivelé positif. Une autre formule, « sportive », se fait sur des dénivelés similaires, avec en prime de l’interval-training (entraînement fractionné). La marche nordique peut aussi constituer une excellente passerelle vers le trail. C’est un très bon moyen d’apprendre à bien utiliser ses bâtons. Au lieu de ne les utiliser qu’en traction, on va ici s’en servir pour se propulser, ce qui est plus efficace. Ça permet non seulement de soulager les articulations, mais aussi de gagner en efficacité, puisque le haut du corps va faire 20 à 30 % du travail.
Il y a donc aussi une importante dimension technique dans la marche nordique ?
Absolument. La méthode que j’enseigne s’appelle OTOP : O pour optimisation de la performance, T pour tenue corporelle, O pour ouverture des mains et P pour position des bâtons. Pour résumer, la marche nordique consiste à synchroniser le mouvement naturel de la marche et du balancement des bras avec la propulsion des bâtons. La gestuelle est finalement proche de celle du ski de fond, avec le bâton qui est en quelque sorte le prolongement du bras. C’est un vrai geste technique. Il faut généralement entre 3 et 6 séances pour maîtriser cette gestuelle. Mais au-delà de cette dimension technique, il y a dans la marche nordique un côté très ludique. On joue en permanence avec le terrain, le relief. On s’amuse à monter – ou à descendre – de rochers qui font entre 50 et 80 centimètres de haut, et cela sans se faire mal au dos !
Cette activité présente de multiples bénéfices pour la santé…
Oui. On développe l’endurance, en puisant dans les graisses, ce qui permet de faire fondre la silhouette. C’est aussi une activité conseillée pour lutter contre l’obésité. On fait aussi travailler le cœur, mais sans le fatiguer, puisque on reste dans des zones de confort. La marche nordique soulage les articulations (hanches, genoux, chevilles). Elle contribue ainsi à limiter l’arthrose. Même chose pour les problèmes de dos. D’après certaines études, la marche nordique serait également bénéfique pour les personnes âgées, dans la mesure où elle favorise le travail de coordination, ce qui est très bon pour le cerveau (davantage que de faire des mots croisés ou du sudoku). Il y a aussi un aspect social, convivial, qui n’est pas à négliger. La marche nordique peut à ce titre être un moyen de lutter contre des problèmes de dépression ou de favoriser l’intégration des personnes en situation de handicap.
Où pratiquer la marche nordique quand on habite ou séjourne à Sallanches ?
Les spots sont extrêmement nombreux au pays du Mont-Blanc. C’est une activité qui peut se pratiquer un peu partout. Mais disons que si vous êtes plutôt débutant, je vous conseille le lac des Ilettes, parce qu’on évolue sur un terrain plat. Il est aussi possible d’aller, depuis le lac, jusqu’à la cascade d’Arpenaz, une belle balade familiale. Pour un public plus sportif, il y a un très joli circuit, d’environ 2h à 2h15, à faire au départ de Blancheville (proche de Vorzier). On va d’abord monter par un sentier en lacets qui longe le torrent de la Dière, jusqu’à Plan Chevalier. C’est une jolie grimpette en sous-bois et en balcon, avec d’agréables odeurs de pins et la possibilité d’entendre de nombreux chants d’oiseaux. A Plan Chevalier, on prend une piste forestière qui conduit au hameau d’Outredière, avec au passage de superbes vues sur le mont Blanc et la vallée de l’Arve, puis un sentier qui monte jusqu’au rocher d’escalade « Pierre à Voix ». On redescend sur Outredière, puis on récupère un sentier dans une forêt grandiose (par rapport à la taille des arbres), qui permet une descente très ludique pour revenir à Blancheville.
Propos recueillis par Martin Léger – Actumontagne.com